La déferlante qui accompagne la sortie en salles de La Revanche des Sith l’atteste : Star Wars est un phénomène de société d’ampleur planétaire, pour ne pas dire interstellaire. Après les astrophysiciens (lire l’article : Star Wars, la science contre-attaque), ce sont les chercheurs en sciences humaines qui ont tenté de percer les mystères de l’œuvre créée par George Lucas.
Comme son titre l’indique, Star Wars, anatomie d’une saga est un ouvrage chirurgical, encyclopédique également. L’auteur, Laurent Jullier, professeur à l’Université de Paris 3, dissèque les deux trilogies méthodiquement, avec précision, animé par la volonté d’exposer en détail un univers aux ramifications étendues, puisqu’il est dépeint au cinéma mais aussi en romans, BD et jeux vidéo. Le scalpel de Jullier, la critique de film ; son bistouri, l’analyse sociologique. Après avoir examiné le contenu de l’œuvre (histoire, personnages, références…) et les techniques employées par Lucas pour lui donner vie (mise en scène, montage, effets spéciaux…), notre "chirurgien" passe en revue les innombrables interprétations et commentaires auxquels la série a donné lieu. Sans pour autant faillir à son approche scientifique, il n’hésite pas à égratigner, voire à ridiculiser — quand ils ne le font pas eux-mêmes — certains théoriciens, universitaires et journalistes aux propos définitifs ou aux démonstrations vaseuses. On sent que Jullier maîtrise son sujet et même qu’il fait partie des amateurs de Star Wars. Mais l’important n’est pas là. Ce que nous explique Jullier, c’est que l’on peut aimer Star Wars et le cinéma populaire qu’il incarne sans être un ado attardé, ni un illettré, ni un illuminé. Et pour cela, on lui dit bravo et merci.
Laurent Jullier : Star Wars, anatomie d’une saga, éditions Armand Colin Cinéma, 248 pages, 23 euros.
En comparaison, le texte signé Alain Musset peut paraître un brin tiré par les poils de Wookie. Ce directeur d’études à l’Ecole des Hautes études en sciences sociales (EHESS) s’est intéressé au modèle de la mégalopole telle qu’elle est dépeinte dans "l’Univers Etendu" de Star Wars, à travers la ville-planète de Coruscant. Musset évoque l’architecture de cette "cité globale", son organisation socio-spatiale mais aussi politique et économique ainsi que les problèmes auxquels elle est confrontée (communautarisme, violence, perte du lien social…) pour les comparer à nos villes terrestres, cette fois-ci bien réelles. Cet "essai de géo-fiction", comme le précise le sous-titre du livre, n’est pas sans intérêt mais il est réservé aux fans de Star Wars versés dans les sciences sociales, et inversement. Il doit bien y en avoir aussi.
Alain Musset : De New York à Coruscant, éditions PUF, 190 pages, 18 euros.
Source : TF1.fr